dimanche 21 octobre 2012

Vendredi 20 juillet:

Du Moulin Foulet au Montjoint (14km)



Départ vers 11h, aujourd'hui c'est le jour J. Au programme un passage à gué (en fait il y en aura 2), sachant que l’éleveur qui nous a prêté l’ânesse nous avait averti: "La flotte? Ouh ben ca j'yé pas appris ça dame...!!!"


En quittant Le Moulin Foulet, on pénètre assez rapidement dans un environnement où l'humain ne marque sa présence que par l'agencement des arbres et des cultures. Pas un bruit de moteur, pas une voix humaine, ni une trace d'avion dans le ciel. Les sabots de l'ânesse, les halètements de Bohême et les cliquetis des lanières de nos sacs à dos. On est est exactement là où on voulait être en faisant cette randonnée.

Je ne peux m’empêcher de me rappeler des souvenirs d'enfance où l'on passe des heures planqués dans un fourré pour tester un piège à gibier qui ne marchera jamais et où pendant une fraction de seconde on se sent seul dans cette univers. Mais là, on marche et la campagne se déroule sous nos pieds avec toujours ces récompenses qui arrivent sans prévenir...

Au détour d'un champs, il y a de l'agitation dans le ciel. Alors que quatre Huppes fasciées s'envolent à notre arrivée, nous observons au dessus de la chaume fraichement moissonnée 2 milans, 2 buses et un faucon crècerelle, ce qui fait vaguement penser à une scène de western avec les charognards qui tournent autour d'une future victime au milieu du désert. Là c'est un vrai régal de distinguer les différents rapaces et on peut facilement imaginer qu'une tripotée de rongeurs est en train de s'éclater dans les tas de paille, et que la fête est bientôt sur le point d'être gâchée.


Nous récupérons rapidement une route qui nous mène droit au Bois de l'Abbaye. Au loin nous apercevons un couple de randonneurs avec 2 chiens ( un berger suisse et un Bobtail avec un chignon, deux femelles) arrêtés sur le bords de la route. Nous voilà tout joyeux de rencontrer des randonneurs empruntant le même itinéraire que nous!! C'est vrai qu'a part notre ami allemand que l'on a croisé à Châteaumeillant, les rencontres se sont faites plutôt rares jusqu'ici.

Mais avant que nous les atteignions, ils se remettent en route comme pour nous fuir. On décide d'accélérer le pas pour les saluer avec insistance. Nous les rattrapons devant une ferme abandonnée.
Ce sont des hollandais et ils nous expliquent avoir préféré nous devancer pour éviter d'avoir à gérer les chiens, chiens qui d'ailleurs ont tranquillement fait connaissance et se mettent eux aussi à papoter...

 Nous discutons un moment de nos itinéraire respectifs. Ils suivent une partie du GRP que nous empruntons. Ils doivent arriver avant la fin de la journée chez le père de monsieur pour lui faire une surprise.
Une question de leur part nous étonne: ils nous demande pourquoi un tel corps de ferme est laissé à l'abandon. Ils ne comprennent pas qu'on puisse laisser tomber en ruine tout un ensemble de bâtiments. Quand on pense qu'en Hollande, ils construisent sur le mer pour gagner en surface constructible...

Nous les laissons admirer l'architecture fin 18ème, début 19ème et entamons la descente aux enfers, la Joyeuse nous attend quelques dizaines de mètres plus bas...


Nous n'avons quasiment pas parlé depuis le début de ce blog du roman de George Sand, mais sachez qu'en suivant ce parcours, on retrouve très rapidement des passages clés du roman. Et le gué de la Joyeuse en est un.

Nous avons 2 options pour franchir cette petit rivière vive qui alimente avec l'Arnon le lac de Sidiailles: Le gué ou la passerelle piétonne large d'à peine 1,20m. L'idée de la passerelle est vite abandonnée.



On se met pieds nus et on commence à pousser et à tirer. Bien sur, Rose ne veut rien savoir, elle nous l'a fait comprendre depuis le début du voyage, elle n'aime pas se tremper les pieds.
Au début on y va à la confiance puis on essaye un peu la force. Bohême commence à s’énerver et son pédigrée de chien de berger lui fait comprendre que son maître est en difficulté avec une tierce bestiole. Elle se met donc à japper quand nos amis les Hollandais arrivent avec leur chiens tout excités par ce qui se passe devant ce gué. Ils se mettent eux aussi à japper dans tous les sens (les chiens, pas les Hollandais), c'est le bordel fini au gué de la Joyeuse, sauf que c'est ce qu'il fallait à la Rose pour la décider!! Elle se met à bondir aussi loin que possible puis à traverser le reste du gué à vive allure.

On décide de faire une pause, pour se laver dans la rivière et casser la croute. Nos amis d'un jour ne restent pas car ils sont pressés par le temps.
Nous aussi nous sommes pressés par le temps. On s'est donné 10 jours pour faire le parcours, on est le 5ème jour. Et au lieu des 20Km par jour, nous parcourons à peine 15Km. Nous avons prévu d'en discuter le soir, mais nous savons tous les deux que le parcours sera raccourci. Cela ne nous inquiète pas du moment que le reste du sentier ne nous réserve que des belles traines et chemins creux comme nous avons pu emprunter jusque là.



Une fois décrassés et rassasiés, nous remontons vers La croix  cordeau par un sentier qui nous fait comprendre qu'on a franchi la Marche. Les roches, les arbres, la déclinaison évoluent très rapidement, nous quittons les plaines Berrichonnes pour les vallons Bourbonnais.

Ça grimpe sec, mais il pleut..
Vue de La croix Cordeau
Arrivés en haut, nous traversons un plateau situé entre les 2 bras du lac de Sidiailles puis le bois de la Roche. Rose nous résiste vraiment beaucoup pour rentrer dans ce bois pourtant constitué essentiellement de pin. Puis nous redescendons aussi sèchement que nous avions grimpé ce plateau il y a une heure pour nous retrouver face à un deuxième gué, celui de l'Arnon, affluent du Cher qui passe à Bourges.





Pour passer cette rivière, trois possibilités s'offrent à nous: 2 gués et une passerelle sans rambarde d'à peine 60cm de large. Encore une fois la passerelle sera vite oubliée. On choisit le gué qui parait le moins profond et on le traverse assez facilement.





De l'autre coté de l'Arnon, c'est l'Allier, fini la région centre, le Berry, la Marche, bienvenue en Auvergne!!.
Nous sommes accueillis par un Hêtre immense, magnifique, un de ces arbres qui vous laissent sans voix et qui vous donne le tournis.

Et comme souvent en pays vallonné, voir montagneux, après une descente, une belle remontée. Toute aussi magnifique que la précédente. Un peu comme le deuxième jour où nous sentions que nous quittions notre petit vallée, en arrivant en haut de cette montée, environ 350m d'altitude (ben oui c'est le début de la montagne), nous regardons derrière nous. C'est quelque chose, je pense, qu'on ne fait pas quand on se déplace en véhicule, et ce que j'apprécie beaucoup avec la marche, c'est de voir d'où on vient pour ensuite regarder où l'on va.



La fin de l'après midi sera plutôt tranquille, nous traversons des paysages un peu plus caillouteux et parfois proches de la lande. On retraverse l'Arnon mais cette-fois ci sur un pont. Nous passons a côté d'un refuge de l'ASPAS (voir leur site) et Rose rencontre un copain âne, ce qui ne nous facilite pas la tâche... Enfin, après quelques chemins nous arrivons au gîte de Cédric (voir son site). Cédric , c'est marrant, il était dans mon lycée mais on ne se fréquentait pas. Puis des années plus tard, on se retrouve dans une de ces soirées au bord de l'Indre vers Tours alors que je trainais là car j'avais rencontré Greg quelques années auparavant . Depuis quelques années, il a acheté et retapé à l'aide d'amis ce qui est devenu aujourd’hui un gîte adapté pouvant accueillir prés de 25 personnes pour des vacances. Le sentier passant à 100m de chez lui, l'étape était obligatoire. On va pouvoir se doucher, faire le plein d'eau et cuisiner aussi. Et Rose va profiter d'un joli pré et passer sa première nuit depuis le départ sans licol.






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