lundi 5 novembre 2012

 Samedi 21 Juillet:

Du Montjoint à Préveranges (13,2Km)




Après une soirée non pas agitée mais animée (cela faisait cinq jours que nous n'étions que deux autour du feux alors quand on s'y retrouve à six...), nous nous réveillons non sans avoir pris le luxe de faire une petite grasse matinée.

Le gîte depuis notre campement

Cédric, qui nous héberge, nous avait prêté la veille une double bruleur à gaz, ce qui par rapport à notre petite cartouche ridicule ressemblait pour nous à un piano de grand restaurant. Du coup cuisson de lentilles! Il nous amène du riz et des œufs durs. Cela fera un parfait déjeuner pour notre arrêt quotidien de 15h.

Une fois le bivouac plié, nous bâtons la Rose et lorsque nous quittons le Montjoint, Cédric nous invite à déguster un MacProuteau, Le plein d'énergie pour débuter la journée... à midi.



Nous le savions depuis hier mais cette fois il faut agir. Nous sommes au sixième jour de marche (soit la moitié du temps que nous nous étions accordé) et seulement un tiers du parcours est parcouru. L'avantage de s'en rendre compte à ce niveau là de cette randonnée, c'est que la boucle se resserre et les deux parties (en vulgarisant l'aller et le retour si on suit le roman de George Sand) passent à un kilomètre l'une de l'autre. Un saut d’ânesse et nous voila sur le chemin du retour. Nous ne verrons pas les bois de l'Alleu (lieu important de l'intrigue), nous ne passerons pas à Archignat ni à Huriel (deux villes ayant donné leur noms aux personnages bourbonnais de l'histoire). Par contre nous avons traversé La Joyeuse et l'Arnon, nous allons rentrer dans le Berry en suivant l'Indre; rivière qui autant pour Greg que pour moi a bercé notre enfance et  notre adolescence. Chacun à notre manière et avant de nous connaître.


Et puis nous passerons à Nohant, dormirons à La Font de Font, chez Tiennet le héros, nous passerons devant le Château de Saint-Chartier et devant l'auberge du Boeuf couronné, et surtout, nous marcherons tous les quatre entre les bouchures dans les chemins creux, traversant les ruisseaux et rivières pieds nus et installant le bivouac tous les soirs sous les étoiles qui voudront bien nous accueillir. Donc pas de regret.

Nous voila donc partis à l'aide des cartes du topo-guide à travers champs hors balisage et hop, passage à gué au bout de quelques kilomètres :)

A St Palais, nous comptions boire un coup mais tous les bars (il y en a quand même deux) sont fermés. Nous traversons donc le village et après avoir croisé quelqu'un qui faisait des travaux dans une maison, nous voila équipés de planches pour se faire des sièges stables.


A la sortie du village, nous nous arrêtons pour pique-niquer, à l'ombre, le soleil tape dur. Une fois le ventre plein, nous repartons tranquillement. Alors que nous tombons en extase devant un engin agricole motorisé (une moiss-bat avec une barre de coupe de 9m), une flopée d'engins motorisés de loisirs (des quads) nous doublent. Autant de bruit, de moteurs et de gaz d'échappement dans les naseaux, on avait pas vu cela depuis six jours.





Un peu plus loin nous passons devant une allée de noisetiers et de vieux chênes croulant sous le lierre. On s'y arrête pour tailler des sagaie et des propulseurs. Ça sera l'animation de la soirée. A la sortie de ce chemin, nous empruntions la route pour quelques centaines de mètres, quand un véhicule s'arrêta et on nous cria: "Alors, on fait du stop?!" C'était Alan. Alan c'est un ami d'enfance de Greg, ils ont grandi en sud-touraine, comme Cédric. Alan je l'ai rencontré en même temps que j'ai revu Cédric, lors des soirées anniversaire (ou pour d'autres occasions) aux coins de pêches sur les bords de l'Indre. Puis, plus tard, nous sommes partis ensemble en tant qu'animateurs en colo itinérante. Il travaille maintenant au gîte et d'ailleurs il s'y rend. On se promet de s'appeler plus tard pour essayer de se voir dans la soirée.




Vers 16h, nous arrivons à Préveranges. Au loin, on reconnait une musique qui avait déjà attirée notre attention à Saint Saturnin, il y a quelques jours: Guignol de Chantal Goya. Une troupe de marionnettistes qui écume les campagnes pour jouer ici et là le fameux spectacle de Guignol. A Saint-Saturnin, on nous avait même demandé si c'était nous "Le théâtre". Sans doute qu'avec notre dégaine, on ressemblait à des "comédiens " comme disait ma grand-mère...


Donc, tout en arrivant sur la place de l'église de Préveranges, nous découvrons le théâtre de Guignol. Sur le parking à coté, un mariage avec des musiciens qui sortent leurs instruments. Au milieu de tout ça, nous rencontrons un adjoint au maire qui, comme s'il nous attendait tout spécialement, nous présente sa bourgade, son gîte (les Chemins de St Martin et de St Jacques ne passent pas loin).

Nous faisons le plein dans une épicerie qui réussit à nous vendre 2 kilos d'abricots alors qu'on ne voulait que deux fruits. Les bonnes poires ces touristes... Tout au long de notre traversée de cette petite ville, presque toutes les personnes que nous croisons nous parlent d'un randonneur passé ici il y a quelques années: Il randonnait avec un âne.



Nous admirons les traces de l'importance que devait avoir cette ville, devenue maintenant village, au XIXème siècle ou même à la fin des années 60 à l'époque où il y avait plus d'un millier d'habitants. Nous nous stoppons devant une superbe demeure où il y a inscrit sur la façade: Hôtel restaurant. A la taille de la bâtisse on imagine facilement l’établissement tourner à toute blinde pendant les foires, les St Blaise ou les St Vincent. Aujourd'hui, il est vide, déserté, en vente, pas encore délabré mais ça ne saurait tarder.



Plus loin dans le bourg, on tombe sur un troquet ouvert: La Biaude (voir biaude). Nous attachons la Rose en face avec un petit carré d'herbe à brouter puis nous poussons la porte du bar-restaurant. A peine la porte entrouverte qu'on nous gratifie d'un :"Ah bah ça fait plaisir d'vous voir!!!". Ce cri profondément alcoolisé, mais aussi certainement très sincère, provient d'une tablée de 3 gus donnant l'impression d'être assis là depuis plusieurs jours. Nous répondons d'un salut jovial, voila un accueil berrichon.


A peine eu le temps de commander que la conversation fuse. Un gars un peu bourru au premier abord entre et commande un rouge:
"Il est à vous le Grand noir qu'est dehors?
- Oui, elle s'appelle Rose..."
Et nous voila partis a causer des ânes, des poules noires du Berry, de Jean pierre Micheau (un Jean-Louis Boncœur d'aujourd'hui décédé récemment). Notre interlocuteur connait mon père de nom, un des trois connait un voisin de mon grand-père. Le temps passe, parler donne soif et l'alcool fait parler. Nous décidons de repartir et prenons congé de nos camarades. Nous reprenons la route avec une sorte de photo instantanée nous donnant un bon aperçu d'une des facettes de la vie dans le Berry du fond, celui qui, perdu au fond la région centre, ne sait plus bien s'il appartient à la plaine ou à la montagne naissante; la Marche.



La Joyeuse
 Nous installons le bivouac à la sortie du bourg, en haut d'une colline. Nous franchissons de nouveau la Joyeuse qui n'est seulement ici qu'un ptit rio comme on dit. Le soir, nous accueillons Alan qui est venu nous voir depuis le gîte et nous passons une petit soirée sympa autour d'une bonne flambée.

Demain, nous devrions dormir chez mon grand-père à Pointemazière.












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